Les Petits Platons maîtres du monde !

Les Petits Platons maîtres du monde !

Le Monde des livres, 3 décembre 2010

Dis, raconte-moi la philo...

Par Marion Faure
Comment expliquer la philosophie aux enfants ? En racontant une histoire, sans doute. Mais pas seulement...

"Dis, c'est quoi une monade ?" Si votre enfant, fort précoce il est vrai, s'avise de vous poser cette question, vous ne serez plus, désormais, pris au dépourvu. Une collection inventive tout autant qu'exigeante se propose de répondre à ses interrogations. Le Malin Génie de Monsieur DescartesLe Fantôme de Karl Marx ou Le Meilleur des Mondes possibles sont quelques-uns des titres qui forment la bande des "Petits Platons", des ouvrages malins et colorés qui s'inspirent d'oeuvres majeures de l'histoire de la philosophie - telles que Les Méditations métaphysiquesLe Capital ou La Théodicée... - et les mettent en images.

Mais les auteurs des huit volumes déjà parus n'ont pas seulement voulu expliquer la philosophie de Descartes, Marx ou Leibniz aux enfants et aux adolescents. Ils l'ont mise en récit. Et c'est bien là ce qui constitue l'ambition et surtout la grande originalité de ces petits livres : être non pas des ouvrages sur la philosophie, mais des histoires de philosophie.

Le choix de cette forme narrative constitue un véritable défi que les auteurs ont parfois relevé avec brio. Ainsi le cheminement philosophique de Descartes dans les Méditations devient étonnamment clair, transformé en un récit de cauchemar ou d'aventure dont la fantaisie est décuplée par l'extrême beauté des illustrations : envahissant toute la page de leurs couleurs, elles créent une géniale fantasmagorie, peuplée d'ombres, de monstres, de machines et de perroquets trop bavards. Le texte et l'image contribuent à faire de ce livre magnifique l'un des plus aboutis de la collection.

Car raconter la philosophie est un pari difficile. Et, paradoxalement, ce sont les "Petits Platons" qui donnent le plus de place à l'histoire racontée qui sont les moins réussis. La Confession de saint Augustin est un simple résumé en images des Confessions, dont il conserve l'énonciation à la première personne, sans omettre l'adresse permanente à Dieu. L'oeuvre d'Augustin, déjà narrative, ne représentait pas un réel défi pour l'auteur, et c'est sans doute pourquoi il s'est contenté de ce calque simplifié, où il n'introduit aucune distance, aucune touche personnelle. Même déception avec La Mort du divin Socrate. Les propos décousus d'un Socrate bonhomme ne suffisent pas à donner une unité au volume. Peut-être y a-t-il eu là un choix maladroit des auteurs et des éditeurs, qui auraient trouvé plus de cohérence, mais aussi plus de matière propre à nourrir l'imagination de l'illustrateur comme des enfants eux-mêmes, dans un autre dialogue de Platon, Le Banquet.
Plus que le récit, c'est finalement la pensée d'un auteur qui donne leur cohérence aux meilleurs volumes, une pensée présentée sous la forme d'un parcours, d'un cheminement intellectuel qui crée une unité forte et efficace. Par exemple, ce n'est pas l'histoire, somme toute minimale, de l'amitié de Leibniz pour un petit garçon qui constitue le fil d'Ariane du Meilleur des Mondes possibles, mais bien l'exposé de la pensée du philosophe. Quant au Fantôme de Karl Marx, tout facétieux qu'il est, ce sont les théories politiques et économiques exposées dans Le Capital et la vision que son auteur avait du monde capitaliste qu'il explique au lecteur, avec un humour et une fantaisie qui ne masquent pas cependant un réel engagement : c'est bien le monde d'aujourd'hui que ce "Petit Platon" veut expliquer aux enfants.

Cette collection se place donc sous le signe de l'exigence et de l'ambition : faire comprendre aux plus jeunes des pensées et des raisonnements de philosophes - au risque parfois de devenir trop complexe, comme avec Ricoeur. L'invention, la créativité et l'originalité de ces livres sont à la hauteur de cette ambition. Et permettent qu'ils soient lus à tout âge, pour des plaisirs différents. Les plus jeunes seront emportés par les folles couleurs qui entourent Descartes, amusés par le malicieux fantôme de Marx et par les illustrations inventives qui l'accompagnent, et qui fonctionnent quelquefois comme des rébus ou des devinettes. D'autres volumes les feront voyager en images, avec Lao-tseu par exemple, où les aquarelles semblent nées d'un nuage après la pluie, et s'accordent parfaitement avec la poésie évanescente des pensées que distille le petit vieillard. Les adolescents - et même les adultes - apprécieront quant à eux l'humour de ces philosophes racontés et saisiront pleinement le sel de leur pensée.

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Revue de presse

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Paris Match, 18 janvier 2017
"Philosopher et apprendre à réfléchir à l’école primaire"
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